Zavèn Bibérian

Zavèn Bibérian
Zavèn Bibérian

Zavèn Bibérian est né à Istanbul en 1921, à Kad›köy où il a ensuite fréquenté les écoles élémentaire Aramyan-Uncuyan et Dibar Grtaran (Sultanyan), le Lycée Saint-Joseph puis il étudia deux ans à l’École Professionnelle de Commerce d’Istanbul.

Il est conscrit lors de la Seconde Guerre mondiale et restera quatre ans incorporé avec 20 classes de conscrits (les Yirmi Kur’a) non musulmans dans des régiments désarmés, affectés à des travaux publics, le service du «Naf›a». Il conçoit lors de ce long service vexatoire une farouche envie d’engagement politique en faveur des non musulmans de Turquie à qui le nouveau régime promet l’égalité de traitement avec tous leurs concitoyens mais également et de façon presque plus marquée en faveur des déshérités laissés pour compte par l’enrichissement de la Turquie kémaliste, oublieuse des provinces plus ancrées dans la tradition et des migrants qui déjà convergent vers les centres urbains principaux.

Zavèn Bibérian s’engage dans une carrière de journaliste, en arménien (le lectorat en arménien est nombreux après-guerre à Istanbul) mais également en turc, soucieux qu’il est de sortir du quant-à-soi résigné communautaire. Sa verve et son esprit critique lui valent des déboires avec l’Etat turc et il part en exil, dès 1949, à Beyrouth d’où il reviendra en 1953, prenant au sérieux les changements démocratiques en son pays. Son engagement passe par une action plus directement politique, il est membre du Parti des Travailleurs de Turquie (‹flçi Partisi). Il est membre du conseil municipal d’Istanbul et même candidat à la députation pour ce même parti. Bibérian gagne sa vie difficilement grâce à des emplois divers (entreprise de transport, banque) qu’il peine à garder, tant ses relations à la hiérarchie est difficile.

Bibérian écrit depuis son enfance. Sa carrière de prosateur débute grâce à la presse puis compte trois romans publiés: La traînée (1959), Les amants désargentés (1962) et Le Crépuscule des fourmis (1970-1984). Il s’est également illustré dans le genre de la nouvelle. Ses textes ont été rassemblés dans le recueil La Mer (1961). Ces textes sont progressivement réédités, en texte intégral, par les éditions Aras. Bibérian est aussi traducteur de ses propres œuvres parfois, de textes en français également. Il a collaboré à la publication de l’Encyclopédie Larousse en turc.

Les thèmes de prédilection du Bibérian prosateur sont les difficultés relationnelles entre les êtres, la précarité des fragiles dans un cadre social, économique et national menaçant, la dénonciation de la bien-pensance mais aussi l’évocation de moments de grâce offerts par la nature des Îles des Princes de son époque ou l’amitié d’un semblable voire l’amour pour une personne généreuse. Son arménien occidental est vif, articule des niveaux de langue que peu de locuteurs dominent désormais, ouvert à l’altérité consubstantielle à Istanbul et innovateur car Bibérian n’avait pas de tabou.

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